Sébastien Donner

Vies antérieures : extrait n°2

Couverture de livre montrant une silhouette féminine armée d'un sabre japonais

Seconde tentative

Naïla tira de toutes ses forces sur la trappe, qui s’ouvrit tout aussi lourdement que la dernière fois.

La jeune femme savoura malgré elle le souffle qui rafraîchissait ses pieds nus et ses mollets.

Puis elle tourna son regard vers les ténèbres du sous-sol.

- Allez, t’es une grande fille maintenant…

Et quoi que cela puisse être, ça ne t’a pas fait de mal la dernière fois, alors que tu étais seule et sans défense !

Naïla alluma la lampe poche qu’elle venait de prendre dans la cuisine. Elle s’enfonça lentement, marche après marche, dans les plus épaisses des ténèbres. Etait-ce cette douce torpeur froide qui l’étourdissait, ou bien le manque de sommeil accumulé durant les dernières nuits de cet été sans fin ? Quoiqu’il en fût, Naïla ne parvenait pas à se sentir réellement en danger. Une fois l’escalier descendu, elle se délecta même durant un instant du contact de la terre froide, sous ses pieds.

La jeune femme secoua rapidement la tête, comme pour revenir à la réalité. Elle rechercha dans ses souvenirs la direction qu’elle avait empruntée la dernière fois, dans ce dédale d’antiquités. Incapable de se repérer, elle se lança dans la quête du monstre orange, comme elle le dénommait désormais.

Force lui fût de constater que les araignées n’avaient pas chômé depuis sa dernière visite : Les mêmes toiles épaisses lui barraient à nouveau la route et se collaient tout aussi désagréablement dans ses cheveux et sur sa peau nue.

- Te voilà enfin ! Chuchota Naïla en posant son regard sur la machine orange, puis sur l’imposante cuve ténébreuse.

La jeune femme fit jouer sa lampe sur la surface cylindrique crasseuse, où elle peina à retrouver l’inscription, devenue nettement moins luisante.

- Tu n’es pas seule. Relut Naïla à voix basse.

L’huile utilisée avait coulé puis goutté sur le sol terreux, désormais marqué de petites taches sombres.

L’huile a tout simplement séché. A quoi t’attendais-tu d’autre ? Tu flippes déjà pas assez comme ça ?

Naïla inspecta néanmoins attentivement la surface de la cuve.

Que dalle. Tu n’as plus qu’à remonter te coucher.

La jeune femme tourna le dos à la cuve et s’arrêta aussitôt. Elle ressentait intensément toute la masse de cet imposant cylindre de fonte, juste derrière elle.

Une masse menaçante.

Une peur irraisonnée s’empara de Naïla, alors qu’une petite voix intérieure lui hurlait de décamper immédiatement… Ce qu’elle demeura incapable de faire : un frisson glacé lui vrillait le dos et l’empêchait de fuir.

La jeune femme tomba à genoux sur la terre compacte en lâchant une faible plainte. Essayant d’appeler à l’aide, elle put seulement émettre un faible gémissement.

Elle se voyait déjà être dévorée par la cuve quand… L’emprise glacée s’atténua subitement. Les jambes encore tétanisées, elle se retourna en direction de la cuve, sur laquelle elle braqua maladroitement sa lampe.

- Nom de Dieu ! S’exclama-t-elle en bafouillant.

Deux nouvelles phrases venaient d’être ajoutées, à droite et en dessous de la première. Deux phrases faites d’une huile fraiche et luisante qui commençait à couler.

Le cœur battant la chamade, Naïla lut la totalité du message :

Tu n’es pas seule. Tu ne l’as jamais été.

Ce qui tombe du ciel n’est pas de la pluie.

La jeune femme sentit son entrejambe s’humidifier et se réchauffer brutalement, alors qu’elle relisait frénétiquement les trois phrases, sous la lueur tremblante de sa lampe.

Tu n’es pas seule. Tu ne l’as jamais été.

Ce qui tombe du ciel n’est pas de la pluie.

Se débattant frénétiquement sur le sol, Naïla émit un son aigue dont elle ne se savait pas capable. Ses avant-bras heurtèrent plusieurs objets autour d’elle ; l’un d’eux tomba lourdement sur le sol dans un épouvantable bruit de ferraille qui se fracasse.

Sans trop savoir comment, la jeune femme se retrouva debout, face à la chaudière orange et à sa vieille flammèche.

Naïla détala encore plus vite que la dernière fois.

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