Sébastien Donner

L'éveil sombre : extrait n°2

Couverture de livre montrant un arbre sinistre au crépuscule

CHAPITRE SECOND
Le vieil homme

Enveloppé par le silence de son grenier humide, le vieil homme était assis dans une chaise à bascule encore plus ancienne que lui. Ses longs cheveux, blancs et fins, retombaient sur ses frêles épaules osseuses en une cascade figée.

Avant, arrière. Avant, arrière. Le vieil homme fixait la lucarne qui lui faisait face, tout en se laissant bercer par les légers mouvements de sa chaise en bois craquelée et rongée. Au dehors, tout n'était que forêt à perte de vue... Une végétation claire et luxuriante, presque éblouissante par opposition aux ténèbres poisseuses qui baignaient le vieil homme.

Avant, arrière. Avant, arrière. Hormis les mouvements de la chaise à bascule, le seul élan vital qui animait la vieille carcasse humaine décharnée résidait dans ses yeux brillants, fiévreusement fixés sur la forêt.

Le grenier, froid et très humide, était quasiment vide de tout objet. Le vieil homme n'en était pas moins accompagné de créatures qui lui étaient fidèles depuis si longtemps... De mémoire de vieillard, ils avaient toujours été là : des pigeons, massés dans l'ombre par centaines. Peut-être même par milliers.

La monstrueuse masse mouvante qu'ils formaient tapissait le vaste volume de ce très grand grenier. On eût dit que la charpente du toit, le plancher, les poutres et les rares reliefs étaient vivants, horriblement vivants... L'intérieur de la masure était ainsi recouvert d'une peau boursoufflée, faite de plumes hirsutes et d'yeux noirs scrutateurs.

Les volatiles et le vieil homme étaient parfaitement silencieux. Tous étaient tendus vers un invisible objectif qui les obnubilait. Tous écoutaient fébrilement la forêt.

Et ils attendaient.

Les quarante premières pages :

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